Le patronyme Jaccard

Repris d'un article paru sur le blog d'Alain Pichard - 24 heures, le 14 novembre 2011

De très nombreux patronymes remontent au nom de baptême Jacques, lequel a été porté par deux apôtres. Jacques le mineur a été évêque de Jérusalem. Jacques le majeur a été le premier martyr et son culte a été relancé au moyen âge sur fond de légende et de lutte contre les Maures d’Espagne (voir le fameux pèlerinage de Compostelle, la «deuxième Rome»). Saint Jacques est le patron des pélerins et des chevaliers. Dès le XIIe siècle son nom a connu en Europe un engouement d’une ampleur extraordinaire.

Jacques dérive de Jacobus, une latinisation du nom hébreu Yaakob qui signifie «celui qui talonne», le Jacob de l’Ancien Testament étant né juste après son frère.

La variété des dérivés de Jacques est époustouflante. En France on en recense près de cent, dont beaucoup de diminutifs cumulés tels que Jacquelinet, Jacotot, Jacoulot, Jacquillard ou Jacquemetton. La Suisse romande présente des Jaquet, Jacquat, Jacot et Jaccottet. S’y ajoutent les Jacquin et leurs dérivés Jaquinet, Jaquenod et Jaquenoud.

Quant aux nombreux Jaccard, Jaquier/Jacquier et Jaccoud, ce sont des Jacques qui se sont approprié des terminaisons –ard, -ier ou -oud qui étaient initialement réservées aux noms médiévaux d’origine germanique. Ces noms étaient composés de deux éléments. Le second était souvent –hard (courage), -hari (troupe) ou –wulf (loup). Cela n’a pas empêché nos ancêtres romands d’ajouter encore d’autres terminaisons. D’où le diminutif Jaquerod et la variante latinisante Jaquiéry.

Les pendants italiens de ces patronymes sont Giacomi, Giacometti, Jagmetti, Giacomini, Iacobelli, Giaccardi, Iaconi, Iacuzzi et beaucoup d’autres. En espagnol c’est Yago / Yaguë qui est à l’origine du prénom Diego et des patronymes Diez et Diaz.

Outre-Sarine les Jakob et Jakober cohabitent avec des Jaggi, Jäggi, Jäggli, Jeker et Jecklin. La chute de la syllabe initiale a donné les Kobi, Köbi et Kopp. Les Anglo-Saxons ont leurs Jackson, Jacobson et Jameson, qui sont tous des «fils de Jacob». En pays slave on trouve des Jakubek, Kuba, Kubik, Kubicek et des Yakovlev russes.

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